(texte de Caroline Jambon)
« Je vous propose un petit texte sur l’ambivalence des émotions. Je me suis inspirée du poème Cortège de Jacques Prévert dans lequel le poète s’amuse à inverser les compléments de deux noms. Le vieillard en deuil devient un vieillard en or et la montre en or devient une montre en deuil. J’ai joué sur l’ambivalence des émotions qu’on peut éprouver dans une même situation en mixant deux expressions consacrées relevant du champ lexical de chacune d’entre elles. »
Être peurtriste, c'est
être malheureux comme les poules et avoir la chair de pierre.
C'est comme quand ton amie ne te parle plus.
Tu es abattu à l'idée d'avoir perdu son amitié et effrayé par la solitude.
Être furipeur, c'est
entrer dans une colère d'encre et se faire un sang noir.
C'est comme quand tes parents sont en retard pour venir te chercher.
Tu es fâché contre eux et tu as peur qu'ils t'aient oublié.
Être terripétrifié, c'est
avoir des sueurs bées et rester bouche froide.
C'est comme quand tu croises un chien dans la rue.
Tu es surpris parce que tu ne t'y attendais pas et tu as peur que ce chien te morde.
Être énervéxé, c'est
bouillir de coeur et en avoir gros sur la rage.
C'est comme quand tu n'arrives pas à faire ce que tu veux.
Tu es en colère contre toi de ne pas réussir et triste que cela ne se passe pas comme tu le veux
Être chambouléger, c'est
être sur une petite boule et avoir un nuage dans la gorge.
C'est comme quand tu reviens de vacances.
Tu es triste que ce soit déjà fini et heureux que ça ait eu lieu.
Être lumijoyeux, c'est
voir la vie dans l'eau et être comme un poisson en rose.
C'est quand tu te sens aimé.
Tu te sens léger et tu as confiance dans la vie...